Kasàlà contemporain
1. Le kasàlà moderne, sous sa double forme - kasàlà de l'autre et kasàlà de soi - partage de nombreux traits avec la poésie panégyrique africaine, dont il est dérivé.
Ce kasàlà moderne est en général écrit avant d'être récité, alors que sa forme traditionnelle relève de entièrement de l'oralité. Il existe sous deux grandes formes : le kasàlà de soi et le kasàlà de l'autre.
L'art de prendre soin de l'ubuntu
dans les personnes et les communautés
2. Il est une voie de déploiement de la personne
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C’est un texte récité ou lu, de préférence devant un auditoire, à travers lequel la personne consent à se laisser voir au plus intime de soi et à se laisser surprendre jusqu’à l’émerveillement.
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Ce type d’exercice suppose une confiance dans l'autre et conduit à une liberté par rapport à soi-même, qui créent une complicité et un sentiment d'unité non seulement inédit mais aussi puissant.
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Nous assistons ici au déploiement de l’être, qui correspond à la révélation du Soi à soi-même et à l'autre.
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Le kasàlà est aussi une voie de connaissance.
3. Un poème dit en public, qui a comme intention :
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D’honorer et célébrer la personne :
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en illuminant sa beauté, son génie (atouts, potentiels, promesses…)
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en proclamant les bonnes nouvelles la concernant
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D’exprimer la bienveillance à l’égard de la personne, quelle qu’elle soit
Une voie d'émerveillement
4. Un poème-action, tourné vers le futur, qui vise à :
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Développer et installer dans la personne un discours intime positif,qui donne accès à son énergie interne et permet d’utiliser celle-ci pour transformer ou réparer l’Homme souffrant ou abîmé.
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Exhorter l’être à l’action, le propulser au-delà de ses déterminations.
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Gagner de la liberté par rapport à l'ego, le sexe, le groupe ethnique, l'orientation philosophique
5. Un véhicule :
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De la force vitale.
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De valeurs essentielles (courage, joie…).
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D’une vision du monde renouvelée.
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De connaissances.
6. Une invitation à :
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Se redresser.
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Occuper sa place légitime dans le monde.
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Mieux s’aimer et aimer l’autre.
7. Un art :
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De vivre en se tenant debout.
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De créer de la vie.
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De jouer ou de danser sa vie.
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De célébrer la vie dans la personne.
8. Structurellement :
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The kasàlà fait appel à des noms de force, souvent métaphoriques et hyperboliques.
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Le pronom "je" est certes utilisé pour le kasàlà de soi, mais aussi dans le kasàlà de l'autre, pour se mettre dans la peau de celui-ci, ou personnifier un animal, une plante, etc.
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Le kasàlà de soi ne doit jamais être confondu avec de la vantardise !
Exemple du kasàlà de soi, appelé "signature" :
Qui suis-je donc
Moi qui te célèbre ?
Je m’appelle Maricha L’Artiste
Fabricante-de-moyens-et-d’outils
Je suis surtout Fabricante-de-tremplins
Pour offrir aux humains ce que je porte
De plus beau de plus fort de plus singulier
Pour me propulser au-delà de moi-même
Pour m’ancrer dans la terre accueillante
Pour prendre soin de moi et de l’autre
Rêveuse je rêve de voyages lointains
Et j’œuvre pour installer la paix
En moi et autour de moi